Dans les coulisses de « Splat & Harry », la nouvelle série animée de TFOU avec Jean Duval, le réalisateur.

Ajouté le 30 nov. 2020, par Florence Batisse-Pichet
Dans les coulisses de « Splat & Harry », la nouvelle série animée de TFOU avec Jean Duval, le réalisateur.

« Splat & Harry », depuis le 8 novembre 2020 sur TFOU.
« Splat & Harry », depuis le 8 novembre 2020 sur TFOU.
« Splat & Harry », depuis le 8 novembre 2020 sur TFOU. ©Blue Spirit Productions

De son rêve d’enfant, Jean Duval a réussi à en faire son métier : réalisateur de dessin animé. Il revient sur ce dernier et sur les temps forts de cette série animée en 52 épisodes (destinée aux enfants de 3 à 6 ans) produite par Blue Spirit Productions, filiale du groupe Newen.

Il était une fois les aventures de « Splat & Harry », ou l’amitié improbable entre un chat et une souris, dans un univers de chats ! Imaginés par le britannique Rob Scotton, ces héros sont un phénomène littéraire planétaire avec plus de 8 millions d’exemplaires vendus (en France, publié par les éditions Nathan). 
À l’occasion de la diffusion de la série par le Groupe TF1, dans sa case jeunesse TFOU, depuis le 8 novembre 2020, Jean Duval nous parle de son adaptation en animation. 

Quel a été le déclic qui vous a orienté vers le métier de réalisateur de dessin animé ?

Le livre de la jungle, premier film que j’ai vu enfant au cinéma avec mon père et mon grand-père. Ce fut la révélation et le choc total ! À partir de ce moment-là, j’ai été passionné par le dessin animé, les films de Walt Disney et le cinéma en général. 

Votre parcours pour réaliser ce rêve ?

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Au départ, ce rêve me semblait inatteignable. Ma chance a été d'entrer au service cinématographique des Armées (ECPA), à l'occasion de mon service militaire !
J’ai commencé dans le métier tout en bas de l’échelle et, au fil des années, j'ai monté les échelons en passant par différentes productions pour finir par travailler pour Disney pendant 15 ans. À ce moment-là, j’ai compris que ce que je voulais vraiment faire était de raconter des histoires.
Or pour moi, le meilleur moyen, c’était le cinéma. D’ailleurs, j'utilise plus de références de films en prises de vues réelles pour briefer mes story boarders, que d'extraits d’animations ! C’est la même chose, la même grammaire et les mêmes outils : la caméra et le découpage.

En quoi consiste le métier de réalisateur de dessins animés ?

Qu’il s’agisse d’un film ou d’une série animée, on se retrouve avec une grosse équipe à coordonner. 
Mon rôle est de veiller à ce qu’on raconte tous, la même histoire ! La réalisation d’un dessin animé est semblable à un bateau, dont je serais le capitaine. Les étapes s’enchaînent ou parfois se superposent et pour répondre à toutes les équipes, je dois jongler sans cesse d’une étape à une autre. C’est un rythme intense. 

« Splat & Harry », la nouvelle série animée diffusée sur TFOU est une adaptation des livres bestsellers de Rob Scotton. Quelle est la genèse de ce projet ?

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Depuis longtemps, Rob Scotton était courtisé pour adapter son bestseller. Il se trouve que TF1 a remporté la mise et la chaîne m’a proposé de travailler sur l’adaptation de l’histoire. Parmi les défis à relever, il y avait la fourrure. C’est d’ailleurs cette même fourrure qui a déclenché l’envie d’acheter les droits de « Splat le chat ». Car dans les livres, les pages sur fond blanc ont assez peu de décor, ce qui fait ressortir les personnages et leur côté poilu et soyeux. Notre challenge était donc de reproduire cette douceur attrayante à l’écran. Je connaissais Rob pour avoir déjà travaillé avec lui sur le projet d’une adaptation d’un autre de ses livres, Russel le Mouton. J’étais loin d’imaginer qu’on retravaillerait un jour ensemble.

Quelles sont les principales étapes pour une telle adaptation ?

Les principales étapes sont les suivantes : On commence par l'écriture des scripts et une fois ceux-ci validés, on passe au storyboard. De la même façon que pour les films en prises de vue réelle, l'équipe de storyboarders dessine et découpe, plan par plan, chaque épisode en fonction de mes directives et de celles du chef board. Les storyboards sont ensuite montés pour devenir des animatiques, sorte de storyboards animés qui permettent aux équipes de Blue Spirit Productions, basées à la fois au Canada et à Angoulême, de passer à la modélisation en 3D des personnages et des décors. Vient ensuite l'étape du layout, qui permet d’installer les personnages (en 3D sommaire) dans les décors (les petites maisons de Chatville-sur-Ronron) et de visualiser les mouvements de caméra. C’est seulement après qu’on peut passer à l’animation. Et il reste encore les étapes de rendu, de compositing, d'éclairage des scènes et des personnages, de la musique et des bruitages, etc...

Comment procède-t-on pour animer les personnages ?

On ne peut animer que lorsqu’on a les voix, donc on commence par enregistrer les comédiens. 
En France, on fait souvent du doublage car le matériel d’origine vient souvent de comédiens américains ou anglais, mais dans le cas de « Splat & Harry », on a commencé avec les voix françaises. On a fait un casting en fonction de chaque personnage, puis procédé aux enregistrements. Les comédiens avaient seulement un script pour interpréter leur rôle ! Sans aucune image, ils doivent mettre leur talent au service de l’émotion, donner l’intensité nécessaire à faire vivre les personnages. 

Et ensuite, on tourne comme au cinéma ?

Au final, l’approche ressemble à celle d’un film en prise de vue réelle, sauf qu’ici, au lieu d’être sur un plateau de tournage, on place nos caméras dans un décor 3D. Les personnages en 3D se promènent, grâce aux animateurs, dans le décor pour jouer leurs scènes. La caméra les accompagne comme des comédiens. Seule différence, tout est fait à la main sur ordinateur par différentes équipes, au lieu de se dérouler sur un plateau.

Quel a été le plus gros défi dans cette série ?

Parmi les défis, les équipes ont dû faire beaucoup de développements afin de créer la fourrure des chats, avec son aspect soyeux, ce qui représente des heures de travail, mais dont le rendu est assez exceptionnel.
Un autre a été d'adapter l’univers des albums tout blanc de Rob Scotton à une série télé avec des décors colorés partout ! Pour cela, il nous a fallu créer tout un univers en accord avec Rob Scotton : nous lui soumettions les croquis et le design de chaque élément. Progressivement, on a ainsi conçu la maison de Splat, le jardin, la cuisine, chaque objet... La moindre tasse ou le moindre livre, tout doit être pensé et dessiné à l’avance, afin de constituer une énorme banque d’objets. 

Quelques chiffres sur le budget, la durée moyenne de travail par épisode ?

Généralement, le budget moyen d’une série comme celle-ci oscille entre 6 et 8 millions d’euros, celui-ci atteint 7 millions d’euros. Parce que j’ai plutôt une bonne connaissance des contraintes de production, je sais rester dans un coût acceptable. Mais en jouant avec la mise en scène, je peux magnifier certains plans pour les rendre plus spectaculaires. Le projet s’est étalé sur près de 4 ans : j’ai commencé à travailler sur l’adaptation en 2016 et la production a véritablement commencé fin 2018. Une dizaine d’animateurs ont collaboré sur chaque épisode de 10 mn - uniquement pour l’animation des personnages -, soit 15 jours de travail.

Parmi les principaux métiers à vos côtés ?

On ne va pas physiquement sur le plateau de tournage mais les corps de métier sont tous très proches. Il y a donc les animateurs (entre 10 à 15), l'équipe lay-out (3 à 4 personnes), l'équipe responsable des textures et du rendu, de la lumière (l’équivalent d’un chef op), des effets spéciaux, et du compositing (qui finalise l'image), celle du son (2 à 3 personnes), le compositeur de la musique, ça représente beaucoup de monde.
J’ai eu à mes côtés deux assistants réalisateurs (qui combinent l’équivalent d’une script et d'un assistant réal sur du live), qui avaient pour mission entre cent autres choses, de répertorier, en se conformant au story board, scène par scène, tous les objets nécessaires ainsi que les effets spéciaux. 

Combien de fois visionnez-vous chaque épisode ?

Je visionne les épisodes au fur et à mesure. Au total, entre le story board, le lay out, l’animation, le compositing, la musique, les étapes de montage…, je les vois chacun au moins une trentaine de fois en validant chaque étape.

On reste un grand enfant quand on fait un métier comme le vôtre… La qualité première ?

Quand je visionne un épisode, je redeviens facilement spectateur. Si je me laisse embarquer, c’est bon signe ! Je fonctionne à l’émotionnel. J’aime que les enfants soient pris par l’émotion. Je ne veux pas que les épisodes se ressemblent, c’est un dosage entre le rire, la tristesse, la peur… Une projection a eu lieu sur grand écran à Angoulême et voir les enfants réagir aux épisodes a été un moment merveilleux ! 

Votre épisode coup de cœur ?

On a toujours ses épisodes favoris, notamment au moment du script. Parmi eux, j’aime beaucoup « Le cauchemar » : Splat, le chat rêve, qu’il mange Harry, la souris. Cela lui crée un vrai problème de conscience en découvrant qu'un chat est aussi un prédateur. Il fait donc tout pour qu’Harry quitte la maison ! On voit tout le déchirement entre les deux personnages que je trouve très réussi. Actuellement, je travaille sur un épisode où les deux héros vont faire du camping la nuit. Et alors qu’il se mettent à flipper tous les deux, ils se racontent des histoires qui font peur. C’est un épisode très intéressant à réaliser en raison de l’éclairage du parc la nuit. Les dialogues sont drôles… Il fait déjà partie de mes préférés.
 

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