Et si vous preniez soin de vos poumons ?

Ajouté le 30 mai 2022, par Florence Batisse-Pichet
Et si vous preniez soin de vos poumons ?

Le cancer du poumon est le 3e cancer le plus fréquent après celui de la prostate et du sein.
Le cancer du poumon est le 3e cancer le plus fréquent après celui de la prostate et du sein.
Le cancer du poumon est le 3e cancer le plus fréquent après celui de la prostate et du sein. ©Vladimir Vladimirov

Parce que le 31 mai est la journée mondiale sans tabac, Audiens Le Média fait le point sur les méfaits du tabac avec le docteur Bérénice Soyez. À 33 ans, cette pneumologue, experte en pathologies du sommeil, se partage entre le Pôle santé Bergère et la Pitié-Salpêtrière. Que l’on soit fumeur ou pas, elle nous rappelle les raisons de prendre soin de son souffle et de ses poumons.

Que recouvre précisément votre spécialité : la pneumologie ?

Cette spécialité étudie le fonctionnement de l’appareil respiratoire : l’arbre trachéo-bronchique, les poumons, la plèvre. Plus rarement, il peut s’agir de traiter des pathologies liées au diaphragme, l’un des principaux muscles de la respiration, ou à une atteinte de la commande neurologique de la ventilation.

Dans votre cas, qu’est ce qui a motivé ce choix ? 

Les affections sont nombreuses et diversifiées, ce qui rend notre spécialité passionnante. Cela couvre l’infectiologie, l’oncologie, l’insuffisance respiratoire, la tabacologie, l’allergologie, les pathologies du sommeil... Cette diversité se retrouve dans la prise en charge des patients : nous pouvons suivre des pathologies chroniques ou aigües, en ambulatoire ou en hospitalisation... Nous réalisons également des gestes pour diagnostiquer ou traiter certaines de ces pathologies : ponctions ou drainages pleuraux, fibroscopies bronchiques …

Quels sont les motifs principaux de consultation ?

Les patients viennent consulter principalement pour trois motifs : l’essoufflement, la toux et les troubles du sommeil. D’autres ne présentent pas de plainte somatique mais souhaitent faire un « check-up » et aussi pour se rassurer. Les diagnostics les plus fréquents qui en découlent sont l’hyper réactivité bronchique, l’asthme, les allergies (maladies fréquentes et en augmentation en raison de la pollution atmosphérique), et les pathologies liées au tabac : la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l'emphysème pulmonaire. Enfin, le syndrome d’apnées du sommeil est également un diagnostic en augmentation ces dernières années, en raison d’une meilleure sensibilisation médicale à cette pathologie.

La période Covid-19 a-t-elle eu une incidence dans votre activité ?

La demande de consulter un pneumologue s’est évidemment accentuée avec le Covid-19. Je reçois de nombreux patients présentant des plaintes post-Covid : plainte de ne pas avoir récupéré leur capacité respiratoire, de ressentir une gêne dans la poitrine, de se sentir essoufflé et fatigué… 

Le stress peut-il être à l’origine de certains problèmes respiratoires ?

Le phénomène de stress et d’anxiété est très répandu dans notre société. De fait, il peut jouer sur les sensations d’inconfort respiratoire et d’essoufflement. Cela peut même conduire jusqu’au développement d’un syndrome d’hyperventilation. Pour y remédier, des techniques comme la kinésithérapie respiratoire, la sophrologie et le yoga peuvent être très bénéfiques, de même que des tutoriels et des applications de relaxation respiratoire.

Comment se déroule une consultation type ?

Je laisse, dans un premier temps, le patient décrire sa plainte et ses principaux symptômes. Puis, je l’interroge en vue d’orienter le diagnostic. Ensuite, je l’examine et l’ausculte. En fonction du contexte clinique, il peut être utile de réaliser des examens complémentaires tels que des EFR (explorations fonctionnelles respiratoires), des gaz du sang (afin d’apprécier avec précision l’oxygénation sanguine) ou encore une polygraphie ventilatoire à la recherche d’apnées du sommeil. À l’issue de la consultation qui dure une trentaine de minutes, je donne mes conclusions, prescris au besoin un traitement médicamenteux et organise un suivi éventuel. 

Avant d’aborder les cancers liés au tabac, pourriez-vous nous rappeler quelques chiffres ?

On compte plus de 10 millions de fumeurs en France. Parmi eux, 35 % environ des hommes et 26 % des femmes fument actuellement. Entre 2020 et 2021, on a toutefois constaté une baisse de 6,6 % d’achat de cigarettes dans les réseaux des buralistes en France, qui est en relation directe avec l’augmentation des prix. 

À partir de combien de cigarettes par jour, y-a-t-il un risque pour la santé ?

Il suffit de moins de cinq cigarettes par jour pour être plus à risques au niveau cardiovasculaire. Et en consommant cinq cigarettes par jour, on a dix fois plus de chance de développer un cancer du poumon dans sa vie par rapport à un non-fumeur strict. Par ailleurs, à quantité de cigarettes égales, il est plus dangereux de doubler la durée de tabagisme que de doubler la quantité de cigarettes fumées par jour. Ainsi, il est plus nocif de fumer une cigarette par jour pendant trente ans, que de fumer un paquet par jour pendant un an ! En résumé, toutes les formes de tabac sont nocives !

Préconisez-vous des substituts nicotiniques ?

À tout fumeur, même sans pathologie mise en évidence, je fais une prévention en insistant sur le sevrage tabagique et en proposant en fonction des besoins des substituts nicotiniques. Dans la panoplie, il y a des patchs, des gommes à mâcher, des comprimés à sucer, des inhalateurs. Leur choix dépend du type d’addiction, tout en sachant que les dispositifs peuvent être combinés. Leur recours augmente les chances d’arrêter et contrairement aux idées reçues, il n’est pas interdit de fumer sous substitut. En parallèle, j’oriente aussi vers des tabacologues, des psychologues ainsi que vers les médecines alternatives du type hypnothérapeutes, sophrologues, acupuncteurs, auriculothérapeutes. Toutes les méthodes sont bonnes sous réserve d’un engagement personnel. Quant à la cigarette électronique, même si elle contient, des substances irritantes pour les bronches, je la recommande uniquement dans la mesure où le vapotage s’inscrit dans une démarche de sevrage tabagique.

Comment diagnostique-t-on un cancer du poumon ?

On peut fortement suspecter le diagnostic de cancer du poumon à partir d’un scanner thoracique, notamment lorsque celui-ci retrouve une condensation atypique qui persiste dans le temps. À partir de là, il faut réaliser un prélèvement invasif afin d’obtenir un « morceau de tissu » et en faire une analyse anatomo-pathologique. Puis, si le cancer est avéré, j’oriente le patient vers des oncologues spécialisés en thoracique ou vers des pneumologues diplômés en oncologie thoracique. 

Le nombre de cancers du poumon est-il en hausse ?

On comptabilise 45 000 nouveaux cas par an, dont 15 000 chez la femme et 30 000 chez l’homme. On les diagnostique en moyenne à 67 ans chez l’homme ; et 65 ans chez la femme et avec une survie à 5 ans d’environ 20 %. Le nombre est en augmentation chez la femme et en stabilisation chez l’homme car ces cancers sont les conséquences d’une intoxication tabagique commencée il y a 30 ans environ, et ne sont donc pas le reflet de la consommation tabagique actuelle. Les effets de la baisse récente de la consommation tabagique en France ne se ressentira donc sur la prévalence des cancers du poumon que dans quelques années seulement. L’augmentation du tabagisme féminin est une vraie problématique du fait que la femme est plus sensible aux effets du tabac que l’homme. Par ailleurs, le cancer du poumon est le 3e cancer le plus fréquent après celui de la prostate et du sein ; en revanche, parce qu’il est plus agressif, il représente la 1ère cause de mortalité par cancer.

En conclusion, quel est le message à faire passer à l’occasion de la journée sans tabac ?

Nos poumons sont des organes précieux. Le message le plus important à faire passer serait de ne jamais se mettre à fumer ou arrêter le plus rapidement possible ! Il faudrait penser à toutes ces cigarettes inutiles qui pourraient être évitées dans la journée : chaque cigarette arrêtée est bénéfique, sans oublier le tabagisme passif qui n’est pas anodin. Plus généralement, il s’agit de prendre soin de son souffle : cela commence par surveiller son poids, être attentif à son alimentation et pratiquer une activité physique régulière. Car le surpoids, tout comme la sédentarité, ont une incidence sur la capacité respiratoire subjective. 

 

Pour consulter le Docteur Bérénice Soyez :
Secrétariat du Pôle santé Bergère : Tél. 01 73 17 31 73
Site internet du Pôle santé Bergère
Ou via doctolib

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