Les clés du bien vieillir au service du confinement

Ajouté le 17 juin 2020, par Marie de Hennezel
Les clés du bien vieillir au service du confinement

Marie de Hennezel : Psychologue clinicienne, conférencière et écrivaine spécialiste du bien vieillir.
Marie de Hennezel : Psychologue clinicienne, conférencière et écrivaine spécialiste du bien vieillir.
Marie de Hennezel : Psychologue clinicienne, conférencière et écrivaine spécialiste du bien vieillir. ©Erwan Floc’h

Après m’être érigée contre une « barrière de l’âge » qui présiderait au déconfinement des seniors, au motif que l’âge n’est pas systématiquement synonyme de fragilité puisqu’une majorité de seniors s’emploient à « bien vieillir », c’est-à-dire à rester physiquement et psychiquement « robustes », j’ai eu le plaisir de constater que notre gouvernement faisait machine arrière et renonçait à imposer un confinement sans limite de temps aux seniors de plus de 65 ans.

Cette tentative d’ostraciser les boomers ayant échoué, il m’apparaît important de montrer tout ce qui permet aux plus de 65 ans de rester des personnes actives, heureuse de faire de leur avancée en âge une expérience féconde et intéressante.

Une des grandes leçons du confinement est que cette mise à l’arrêt, forcée et brutale, nous a tous obligés à aller chercher en nous-mêmes les ressources internes qui allaient nous permettre de faire face à cette situation inédite.

Le Cercle Vulnérabilités et Société a publié quotidiennement sur Twitter des courtes vidéos postées par des personnes venant d’univers très divers sur le thème de « qu’est-ce que vous a apporté le confinement ? » C’était un parti pris résolument positif. Penser, qu’au-delà de l’angoisse, de la tristesse, voire de la colère de se voir privé de liberté, chacun pouvait reconnaître que le confinement lui avait apporté quelque chose.

En lisant les courts messages [sur Twitter, NDRL], je me suis rendu compte qu’ils faisaient tous plus ou moins référence au « voyage vers l’intériorité » sur lequel nous travaillons depuis plus de 10 ans, dans mes séminaires Audiens sur l’art de bien vieillir et de rester désirants.

Dans ces séminaires, nous explorons des clés qui, de toute évidence, nous sont bien utiles, en ce temps de confinement.

  • Cultiver l’optimisme (voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide), le goût de vivre en donnant quotidiennement de l’énergie à ce qui nous procure de la joie (la musique, la lecture, la contemplation du ciel ou de la nature, la relation avec un animal, la découverte du beau). 
  • Certes, il nous a fallu compenser l’absence de contacts physiques, de chaleur humaine tactile, de plaisir d’être ensemble, de faire la fête, par des contacts virtuels. Notre technologie nous y a aidés. Nous avons pu visiter, par internet, des musées, des expositions, écouter des concerts, revoir de beaux films à la télévision ou sur Netflix. Certains d’entre nous se sont mis à écrire, à apprendre une langue, ont relu des livres qu’ils avaient aimés, en ont découverts d’autres. Bref, nous avons activé notre esprit.
  • Certains ont eu à cœur de consacrer un temps quotidien à la méditation, et en ont ressenti les bienfaits. Le petit rituel matinal d’étirements et de mise en route corporelle, que j’enseigne dans nos séminaires, a eu toute sa pertinence, la visualisation de notre corps, espace de lumière, la gratitude envers nos cellules, ont pu nous aider à lutter contre le stress inévitable de ce confinement, et peut-être l’angoisse d’être contaminés.
  • Nous avons, pour beaucoup, pris soin de notre façon de nous alimenter, pris plaisir à faire la cuisine, peut-être aussi avons-nous fait du tri dans nos vêtements et dans nos papiers ; réfléchi au ménage à faire dans notre vie.
  • Enfin, la méditation sur notre finitude, clé importante pour ne pas mettre de côté la question de la mort, et prendre conscience de ce qui est essentiel dans nos vies, a eu aussi toute sa pertinence.

Dans le message que j’ai posté pour le Cercle Vulnérabilités et Société, j’ai fait référence à ces malades du Sida, que j’avais accompagnés dans les années 80, qui savaient qu’ils allaient mourir et consacraient les derniers mois de leur vie à aimer de toutes leurs forces. J’ai évoqué ces âgés confinés de nos Ehpad, qui préfèrent, disent-ils, consacrer le temps qui leur reste à vivre, à voir leurs enfants et petits-enfants, à donner et recevoir de l’amour, plutôt que protéger le peu de temps qui leur reste à vivre au prix d’une réclusion.

Ce que le confinement nous apporte, c’est bien la conscience que notre vie, pour autant qu’elle soit précaire, reste un bien précieux, ce qui nous conduit à protéger ce qui compte vraiment pour nous.

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