« Notre métier c’est d’anticiper… à ce jour, on ne sait pas quand la machine va repartir »

Ajouté le 29 mai 2020, par Caroline Chaumet
« Notre métier c’est d’anticiper… à ce jour, on ne sait pas quand la machine va repartir »

Olivier Wlodarczyk, producteur chez Egodocs.
Olivier Wlodarczyk, producteur chez Egodocs.
Olivier Wlodarczyk, producteur chez Egodocs. ©Olivier Wlodarczyk

Olivier Wlodarczyk, producteur de films documentaires pour Ego doc Productions, fait le point sur l’interruption de l’activité liée à la crise sanitaire et sur les conditions de reprise des productions.

Comment avez-vous géré l’arrêt brutal de votre activité ?

Nous avons mis en place le télétravail quelques jours avant l’annonce du confinement pour tous ceux dont l’activité est liée au rédactionnel :  les rédacteurs, les journalistes et les réalisateurs. L’ensemble de l’équipe production est restée dans les bureaux jusqu’à la veille de l’annonce gouvernementale. C’est pour eux que cette situation a été la plus compliquée. L’administratif a besoin d’avoir accès aux contrats, aux archives, à tous les dossiers qui sont physiquement dans les locaux de la société. Heureusement nous avons pu tout convertir en éléments informatiques.

Avez-vous été contraint d’annuler des tournages ?

Oui certaines séquences qui ne sont pas « reprogrammables », quand elles sont liées à une période annuelle, comme une récolte par exemple, ce qui peut déséquilibrer un récit. Il faut trouver des séquences de remplacement. Nous avions aussi des projets en repérages. Pour la plupart, nous allons pouvoir les déplacer mais cela pose des problèmes car nous n’avons aucune visibilité sur la fin de cette période qui nous oblige tous à porter des masques, à nous distancier y compris sur les tournages.

En quoi cela pose problème particulièrement ?

Imaginons que nous reprenions les tournages en respectant les gestes barrière indispensables à la protection de nos témoins et de nos équipes, pour une interview, ce n’est pas un problème. On peut placer la caméra suffisamment loin du témoin pour que la sécurité soit respectée. Mais pour des scènes de vie où les gens sont en groupe… ils vont être masqués. C’est un problème visuellement mais il faut aussi envisager les tournages sur la longueur ; certaines séquences se raccordent avec d’autres qui seront tournées plus tard et il va falloir justifier la présence des masques qui ne seront peut-être plus d’actualité dans quelques mois. 

Rencontrez-vous des difficultés logistiques ?

Oui, naturellement, pour tout ce que nous ne pouvons pas tourner à Paris. Il faut penser déplacements. Pour l’étranger, ce n’est pas possible ou alors avec une équipe locale. En Régions on peut partir en voiture mais ensuite, les hôtels sont fermés pour la plupart, les restaurants aussi et ce pour une durée indéterminée. Il faut loger et nourrir les équipes, pour l’instant on ne sait pas comment. 

Ces problèmes de production sont identiques pour les tournages de fiction ? 

Nos équipes sont beaucoup plus légères, nous pouvons fonctionner avec une équipe de trois ou quatre personnes. À titre d’exemple, les tournages de fiction sont autorisés à reprendre avec 50 personnes alors qu’habituellement il y a près de 100 personnes sur un plateau… 

Vous faites appel à de nombreux intermittents du spectacle, comment pouvez-vous les rassurer ? 

C’est une période particulièrement tendue pour les intermittent. Même si la situation est bien comprise, c’est très violent pour certains d’entre eux. Tout s’est arrêté d’un coup, et pour l’instant, personne n’a de visibilité sur la reprise des tournages, ni sur la réouverture des salles de spectacles. Il faut beaucoup de pédagogie et les producteurs voudraient apporter une réponse commune, qui soit rassurante aussi. Nous sommes un peu démunis car tout est bloqué. Concrètement, nous avons peu de moyens d’action sauf avec les réalisateurs(trices) avec qui nous nous sommes engagés. 

Quels sont les soutiens sur lesquels vous pouvez compter pour faire face à cette crise inédite ?

Nous nous sommes beaucoup « rencontrés » grâce à Zoom et WhatsApp avec les différents syndicats de producteurs pour tenter de trouver les meilleures conditions de reprises. Le Centre National de la Cinématographie a proposé à chaque producteur de mobiliser par anticipation 30% de son compte de soutien, avant même de développer de nouveaux projets, la Procirep aussi a mis en œuvre un versement d’une avance de droits au lieu de respecter le calendrier habituel de versement de l’aide. Les interlocuteurs des chaines de télévision avec lesquelles nous avons l’habitude de travailler essaient d’être rassurants sur la suite des projets engagés, ou en discussions.
Ce qui nous inquiète c’est la durée de cette crise, une fois que toutes ces aides ne seront plus là que va-t-il se passer ? C’est une période de grande incertitude, on ne sait pas quand la machine va se relancer, ni dans quelles conditions. En attendant, il faut tenir et continuer de développer des projets pour rebondir aussi vite que possible. Une grande partie de notre métier est de s’adapter, alors on s’adapte.

En savoir plus sur Ego doc, c’est ici.

 

Par ailleurs, Audiens reste aux côtés des professionnels de la culture et se mobilise durant cette crise exceptionnelle. Retrouvez tous les dispositifs mis en œuvre pour vous soutenir sur audiens.org.

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