Prévention des maladies cardiovasculaires : les bons réflexes !

Ajouté le 29 sept. 2022, par Florence Batisse-Pichet
Prévention des maladies cardiovasculaires : les bons réflexes !

Dans la mortalité, les maladies du cœur se situent au 2e rang après les maladies cancéreuses.
Dans la mortalité, les maladies du cœur se situent au 2e rang après les maladies cancéreuses.
Dans la mortalité, les maladies du cœur se situent au 2e rang après les maladies cancéreuses. ©tonefotografia

À l’occasion de la journée mondiale du cœur (le 29 septembre), le docteur Alexandre Bensaid, responsable de l’unité cardiologique du Pôle santé Bergère, revient pour Audiens Le Média sur les principales maladies cardiovasculaires et comment les prévenir. Des fondamentaux à savoir et des réflexes à adopter pour être plus à l’écoute des battements de notre cœur !

Un mot sur votre spécialité et votre service ?

Même si la cardiologie est une spécialité segmentée, nous prenons en charge des maladies cardiaques polymorphes et diverses qui peuvent toucher aussi bien le muscle cardiaque, les artères coronaires, les valves (cf les valvulopathies à l’origine du souffle au cœur) ou le tissu électrique cardiaque (à l’origine des arythmies). Dans notre équipe, chacun des huit cardiologues a une spécialité : nous sommes donc en mesure de prendre tous les problèmes cardiologiques et de poser les diagnostics afin d’orienter les patients vers la bonne prise en charge. Dans le cas des procédures interventionnelles, nous sommes en lien avec les plus grands centres afin que nos patients soient pris en charge sans aucune attente. 

Quel est votre constat sur les maladies du cœur et la prévention en France ?

Les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité globale en France et la première chez les femmes.  Pourtant, même si on constate des progrès dans la vulgarisation médicale, en matière de résultat sur la prévention, les résultats restent insuffisants. On note une sédentarité importante et un manque d’activité physique chez près d’un tiers des adultes en France. 

Quelles ont les principales maladies cardiovasculaires ?

Les mécanismes de l’infarctus ou des maladies coronaires sont souvent les mêmes que l’accident vasculaire cérébral : l’AVC (Accident Vasculaire Cérébral) et l’infarctus du myocarde sont les deux principales maladies.

Que pouvez-vous dire de l’AVC ?

Il s’inscrit dans le spectre des maladies cardiovasculaires car il répond aux mêmes risques (surpoids, tabagisme, hypertension, diabète, taux de cholestérol élevé, sédentarité) mais c’est en fait une maladie du cerveau. Il est redouté parce qu’on peut garder un déficit de fonction - motricité, de vue, de sensibilité d’équilibre - qui participe à rendre le patient handicapé.

En quoi consiste l’infarctus du myocarde ?

Qualifié aujourd’hui de « syndrome coronaire aigu », l’infarctus du myocarde est une maladie des artères coronaires qui provoque une souffrance plus ou moins prolongée du muscle cardiaque, pouvant se traduire par une perte de fonction cardiaque et de l’insuffisance cardiaque. La conséquence est une diminution de capacité des patients de façon chronique, qui se retrouvent essoufflés de façon de plus en plus importante. Ils peuvent faire de la rétention d’eau avec des œdèmes et ressentir une fatigue, au point parfois d’être limités dans les activités de la vie quotidienne. 

Quels sont les facteurs de risques d’hypertension artérielle ?

Même si le tabagisme est l’un des facteurs de risque, on est loin d’être parvenu à une politique du zéro tabac. Et parmi les autres causes : une alimentation riche en sel, le surpoids, un manque d’exercice physique et la prise de certains médicaments. Parfois un dérèglement constitutif peut s’installer avec le temps et rendre nos artères moins « souples ». Il est donc important de vérifier son taux de glycémie et son bilan lipidique (taux de cholestérol et des autres graisses) par des contrôles sanguins réguliers (une fois par an), d’avoir une hygiène de vie avec une alimentation saine et une pratique régulière d’une activité physique.

En matière d’alimentation, les fondamentaux à rappeler ?

Il faut inciter à suivre un régime méditerranéen (50% des repas sont végétariens) et donc limiter la consommation de viande rouge à une à deux fois par semaine au maximum, en privilégiant les viandes blanches (le poulet), les poissons riches en bonnes graisses, acides gras insaturés et riches en oméga 3 (sardine, hareng maquereau en priorité, puis le saumon ainsi que les poissons blancs). On ne se prive pas des graines, sans oublier une poignée quotidienne de noix ou d’amandes. Enfin, il faut boire 1 litre d’eau par jour minimum, sauf recommandation contraire de son médecin, et avoir une consommation d’alcool modérée. 

Concernant l’activité physique, les Français ont-ils encore des efforts à faire ?

Même si sur les 20 dernières années, il y a eu une forte démocratisation de l’activité physique, la population reste encore trop sédentaire avec une augmentation du surpoids, notamment chez les jeunes. Il ne faut pas attendre 40 ans pour se mettre au sport et inciter les enfants dès leur plus jeune âge ! À l’âge adulte, on recommande une activité physique de 30 min, 5 fois par semaine, en évitant de ne pas pratiquer 2 jours de suite. Il faut réduire la sédentarité et augmenter l’activité physique, à tous les âges et chez tout le monde. Bien sûr, en cas de pathologie sous-jacente, la reprise d’activité doit être surveillée et l’activité physique adaptée.

Un geste auquel on ne pense pas suffisamment ?

Quand on est hypertendu, il y a une multiplication du risque d’AVC par cinq et d’infarctus par quatre. Il faudrait donc plus de diagnostics et mesurer sa pression artérielle régulièrement. Elle se mesure avec deux chiffres : la pression artérielle systolique et la pression artérielle diastolique. La première doit être inférieure à 135 mm de mercure et la seconde, à 85 mm de mercure. Or pour une partie des patients hypertendus, le dépistage n’est pas fait. Tout contexte médical, qu’il s’agisse d’un rendez-vous chez son généraliste pour un certificat médical ou pour une femme, chez son gynécologue, etc. – doit être l’occasion systématique d’un contrôle. Après 40 ans, sachant qu’on peut acheter en pharmacie ou en grande surface des tensiomètres, il faut inciter les patients à effectuer des tests d’auto-mesure chez soi. En cas de mesure élevée, il faut la répéter et consulter un spécialiste. 

Quels sont les moments de la vie où il serait recommandé de passer un électrocardiogramme ?

Il s’agit d’un examen non invasif pour le patient et informatif, qu’il faudrait faire une fois par an, ou en cas de situations de vie plus à risques comme : la reprise d’une activité physique, le surpoids, un diabète, un taux élevé de cholestérol ; des problèmes cardiovasculaires dans la famille, la ménopause et la post ménopause, par exemple.

Sur l’AVC et le syndrome coronaire, quels sont les premiers symptômes ?

L’AVC se manifeste par un déficit neurologique brutal aigu qui peut prendre plusieurs formes : trouble du langage, de la vue, de l’équilibre ; perte de la mobilité d’un membre ou d’une partie du corps, de la sensibilité au toucher, fourmis dans un membre. Pour le syndrome coronaire, il peut s’agir d’une douleur aigüe dans la poitrine, une pression brutale derrière le sternum ou vers le cou, le bras gauche ou dans le dos, survenant au repos ou à l’effort.

À la moindre alerte, que faut-il faire ?

On a la chance en France d’avoir un service d’urgence, le SAMU ! Que le symptôme soit continu ou transitoire, ces signes doivent alerter et il faut consulter sans délai. Dans les deux cas (AVC ou syndrome coronaire), le pronostic sera lié au délai avec lequel le patient va consulter. Le délai écoulé entre le premier symptôme et l’heure de la prise en charge est fondamental : c’est ce qui conditionne la présence ou l’absence de séquelles. 

Après un infarctus ou un AVC, quels sont les traitements proposés ?

Selon les cas et les patients, nous mettons en place des traitements médicamenteux et interventionnels. Par exemple, pour lever l’occlusion d’une artère, on va orienter le patient en milieu hospitalier pour proposer une intervention. La personne est alors hospitalisée en unité de soins intensifs, de cardiologie ou de neuro-vasculaire : on va lui prescrire un traitement médicamenteux pour dissoudre le caillot qui bouche une artère et avoir recours à une sonde intramusculaire, soit pour retirer le caillot quand il est au niveau cérébral, soit pour déboucher l’artère et mettre un stent (un petit ressort). L’objectif est de rouvrir l’artère et redonner une oxygénation au cerveau quand il s’agit d’un AVC, ou au cœur quand il s’agit d’un infarctus du myocarde. Après cette prise en charge immédiate, le patient a un suivi régulier avec des mesures médicales classiques, des consultations, des bilans sanguins, incluant la partie non médicamenteuse : il s’agit de l’accompagner à pratiquer une activité physique régulière, avec des processus de réadaptation cardiovasculaires et un suivi diététique.

 

Bio express

Le Docteur Alexandre Bensaid a effectué son internat de cardiologie à Paris. Titulaire d’un Master en imagerie cardiaque, diplômé d’échographie et d’imagerie vasculaire, il a été chef de clinique du service de soins intensifs à l’hôpital Henri Mondor. Depuis 2012, attaché à l’hôpital Bichat, il exerce en libéral à Paris. 

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Le saviez-vous ?

Depuis le mois de septembre le service d’imagerie du Pôle santé Bergère propose des rendez-vous d’IRM cardiaque.
L'IRM cardiaque favorise la détection précoce de problèmes du cœur et de ses vaisseaux. Non invasive, cette méthode à l’avantage de ne pas utiliser de rayons X ni de radioactivité.
Elle permet d’acquérir des clichés très précis des structures cardiaques (tissus, muscles…), de mieux comprendre les différentes pathologies cardiaques et de mieux appréhender les potentielles séquelles d’un accident vasculaire. L’intérêt majeur de cette discipline est la prévention de l’infarctus du myocarde, les maladies du cœur et les inflammations du cœur (myocardites).

Pour plus d'infos, consultez le site de l'imagerie médicale du Pôle Santé Bergère

 

À noter 

Depuis juin 2020, une équipe de huit cardiologues accueille les patients au Pôle santé Bergère. Elle propose tous les actes de cardiologie - non invasive - en ambulatoire (consultation et électrocardiogramme, échographies cardiaques, dopplers vasculaires, tests d’effort, enregistrements continus du rythme cardiaque, de la pression artérielle, dépistage et prise en charge de l’apnée du sommeil) avec le souci d’un suivi personnalisé et d’une continuité des soins.

Pour prendre rendez-vous avec le service de cardiologie : consulter le site.
Plus d'infos sur le site du Pôle santé Bergère  
7 rue Bergère – 75009 Paris
Tél. 0 173 173 173
 

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