Quelle politique pour les salariés aidants : la réponse avec le Groupe BPCE

Ajouté le 12 juil. 2022, par Florence Batisse-Pichet
Quelle politique pour les salariés aidants : la réponse avec le Groupe BPCE

Le Groupe BPCE a reçu reçu le premier Prix lors du Prix Entreprise & Salariés Aidants 2021.
Le Groupe BPCE a reçu reçu le premier Prix lors du Prix Entreprise & Salariés Aidants 2021.
Le Groupe BPCE a reçu reçu le premier Prix lors du Prix Entreprise & Salariés Aidants 2021. ©Erwan Floc’h

Mis en lumière lors de la crise sanitaire de la Covid-19, le rôle des aidants est devenu un enjeu de société amené à s’élargir et à se transformer dans les prochaines années. À l’approche de la sixième édition du Prix Entreprise & Salariés Aidants, qui aura lieu le 26 septembre prochain, Audiens Le Média a voulu revenir sur la démarche du Groupe BPCE qui avait reçu le premier Prix en 2021. Rencontre avec Philippe Marpeau, en charge de la QVT au sein de la direction des Relations Sociales et Q.V.T. du Groupe BPCE.

Qu’est-ce qui donne une spécificité particulière à la politique qui est menée auprès des salariés en situation d’aidants ?

BPCE est un groupe bancaire coopératif de banque universelle et d’assurance très décentralisé. Il comprend plus d’une trentaine d’entreprises et de filiales (Banques Populaires, Caisses d’Épargne, Natixis, Banque Palatine, Crédit Coopératif…) et 100 000 salariés. Notre mission au sein de la direction des Relations Sociales du Groupe, est de jouer un rôle d’impulsion auprès de toutes ces entités, de coconstruire avec elles des dispositifs et de recueillir les pratiques pour permettre un partage des expériences. 

Comment êtes-vous organisé pour mener à bien cette politique transversale ?

Nous animons la filière des DRH, et la filière des référents Qualité de Vie au Travail présents dans chaque entreprise en application de nos accords de Branche. Ils ont pour mission de participer à la définition de la politique QVT de leur entreprise et de la mettre en œuvre dans toutes ses dimensions, contenu, organisation et transformation du travail, santé au travail et prévention des RPS, équilibre vie privée et vie professionnelle… 

De quand date l’action du groupe auprès des salariés aidants ?

Il existait diverses initiatives dans le groupe, jusqu’à ce que nous réfléchissions plus précisément sur la maladie au travail, dont le volet aidants fait partie. Et c’est à partir d’une remontée de plusieurs cas rapportés dans les entreprises, qu’en 2018 nous avons constitué un groupe de travail réunissant des salariés aidants. Ce groupe a réalisé un guide qui leur est dédié. Conçu pour être réellement facilitant, il permet de trouver des aides et des solutions d’organisation. Il s’inscrit dans le prolongement de la dynamique d’accompagnement des collaborateurs et de leurs managers sur la maladie et le travail qui avait donné lieu, en 2017, à la diffusion des Guides Cancer, maladies chroniques et travail.

Ce guide a été en quelque sorte la première pierre de l’édifice ?

Il constitue en effet le socle de notre démarche globale et collective pour les aidants puisqu’il a été à la base d’une communication spécifique des entreprises. Sa diffusion a facilité une prise de parole des aidants. Conçu sous la forme d’un PDF interactif, il met à disposition des salariés en situation d’aidants, toutes les informations pour trouver les réponses aux questions les plus fréquentes en matière de droits, de ressources, d’interlocuteurs à solliciter, etc. En complément de ce tronc commun, les entreprises peuvent le personnaliser en fonction de leurs dispositifs spécifiques.

Comment les salariés aidants réagissent-ils généralement ?

Par crainte des conséquences ou par pudeur, le sujet reste délicat à évoquer et beaucoup d’entre eux n’en parlent pas spontanément. Mais les propositions faites par les entreprises ont mis le focus sur le sujet et permis aux aidants de se déclarer plus facilement. Notamment, des cycles de formation pour les aidants en présentiel ou en distanciel, répartis sur 4 mois, ont permis de constituer des collectifs d’aidants. Les participants se sentent plus à l’aise et reconnus. Ils prennent appui les uns sur les autres et peuvent ensuite continuer à partager leur expérience. D’aucuns deviennent des ambassadeurs et contribuent par leur témoignage à libérer la parole. La communication faite autour de ces formations suscite l’intérêt et favorise l’appropriation du sujet par les autres entreprises.   

Comme se déploie la démarche globale du groupe auprès des salariés aidants ?

Les entreprises développent des dispositifs d’accompagnement très variés, couvrant un large spectre, de l’information aux aides financières en passant par la formation, l’aide aux démarches administratives, la recherche de prestataires, le soutien psychologique et des dispositifs pour donner davantage de temps aux aidants.  

Pouvez-vous revenir sur le premier Prix qui vous a été remis par le Colloque-Prix Entreprises salariés aidants en 2021 ?

Nous l’avons reçu non pas pour une action spécifique, mais pour l’ensemble de notre démarche qui correspond à une approche globale de la problématique, capitalisant sur les initiatives des entreprises, inscrite dans la durée et adaptée aux situations locales. Chaque année, notre démarche se complète et s’enrichit.

Quels sont les supports clés ?

Nous avons conçu deux guides. Le premier précédemment évoqué qui s’adresse aux salariés aidants. Le second destiné aux entreprises pour les aider à construire leur propre politique d’accompagnement des salariés aidants. À la manière d’une boîte à outils, il propose une démarche, définit des pistes d’action et répertorie des solutions mises en œuvre dans les entreprises du groupe et hors groupe. 

Au sein du groupe BPCE, vous avez une direction des études “BPCE L’Observatoire”…

Le Groupe BPCE a pris l’engagement d’être un acteur de référence auprès des aidants en facilitant leur action. Pour mieux appréhender ce phénomène de société, une démarche de veille et d’analyse a été lancée et “BPCE L’Observatoire” a consacré son étude 2021 aux aidants. Cette étude met notamment en lumière l’ampleur du phénomène et la diversité des situations avec un noyau dur d’aidants qui consacrent un temps considérable à l’accompagnement de leurs proches. Indépendamment du temps de l’aide, l’étude montre aussi les conséquences fortes de l’écosystème d’un aidant. L’aidant est-il isolé ou s’inscrit-il au sein d’un entourage élargi ? Il est donc essentiel de mieux identifier nos populations d’aidants pour cibler les dispositifs.  

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Quelles ont été les conséquences de la Covid-19 pour la population de vos salariés aidants ?

La Covid-19 a été une réelle épreuve et un facteur de stress pour tous ceux qui étaient déjà dans des situations très difficiles : ils étaient confrontés à la crainte de l’isolement avec l’impossibilité de se déplacer, de consulter médicalement, de s’appuyer sur des services d’aide perturbés ou inaccessibles... En revanche, la mise en place massive du télétravail a été facilitante et bénéfique pour d’autres qui ont obtenu plus de souplesse dans leur organisation.

Votre ambition pour la suite ?

Il nous faut mener une politique plus globale sur tout ce qui concerne la maladie au travail au sens large, en y incluant le handicap, la maladie proprement dite et les aidants. L’approche doit être la plus transversale possible car la problématique est souvent similaire. Pour donner de la lisibilité et faciliter l’accès aux dispositifs, il ne faut pas cloisonner. Une personne qui souffre d’un cancer sera souvent confrontée aux mêmes difficultés de conciliation entre sa vie personnelle et son activité qu’un aidant… 

Votre conclusion ?

La Covid-19 a révélé le souhait des salariés de voir les employeurs prendre aussi en compte les contraintes personnelles, familiales notamment. La caractère explicite de cette demande est nouveau. C’est pourquoi, travailler sur l’organisation du travail est essentiel pour traiter les problématiques de fond. Dans le cas des aidants, au-delà des aides accordées, la question est de savoir comment faire pour que ces personnes puissent continuer à travailler dans un cadre personnel contraint, sans pénaliser le fonctionnement des équipes. Il faut aussi impliquer davantage les managers et les collègues de personnes aidantes, afin de construire en commun l’équilibre le plus satisfaisant pour tous. 

 

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