Quelles sont les solutions de répit pour les aidants

Ajouté le 24 oct. 2019, par Alexandre Faure
Quelles sont les solutions de répit pour les aidants

Dispositif d’aide à domicile.
Dispositif d’aide à domicile.
Dispositif d’aide à domicile. ©DGLimages

Les solutions de répit doivent aider l’aidant à ne pas s’épuiser. L’épuisement des aidants a des conséquences sur sa santé, sa longévité et son bien-être. Des dispositifs ont été créés, notamment par la loi, mais ils sont peu nombreux et manquent cruellement de visibilité. Cet article en met quelques-uns en lumière.

La prévention primaire avec Passerelle Assist’aidant 

Martine Chevalier Aulagnier est conseillère d’arrondissement déléguée aux seniors dans le sixième arrondissement de Paris. Son mandat l’amène à rencontrer les personnes âgées de l’arrondissement et tous les organismes qui accompagnent et viennent en aide à cette population. Son rôle d’élue, elle l’envisage comme celui d’un relais d’information pour tous les citoyens de son arrondissement. 

L’engagement de l’élue auprès des seniors ne doit rien au hasard. Bien avant de briguer ce premier mandat électoral, Martine Aulagnier était déjà très engagée auprès des personnes âgées et de leurs proches aidants. 

La genèse de Passerelle Assist’aidant

Martine Chevalier Aulagnier a créé et dirige sa propre entreprise de services à la personne, en Indre et Loire, pendant dix ans. C’est à cette occasion qu’elle prend conscience de la situation d’isolement des proches aidants. En menant une enquête auprès de 163 aidants de personnes âgées dépendantes bénéficiaires de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), elle constate qu’ils ne peuvent pas bénéficier des dispositifs d’aide pourtant créés pour eux car les programmes se déroulent à l’extérieur du domicile. Impossible pour la plupart des aidants interrogés de s’absenter de leur domicile car ils n’ont pas de solution de garde pour le proche aidé. C’est l’impasse !

Pour répondre à cette situation critique, Martine Aulagnier met sur pied le projet Passerelle Assist’Aidant. Cette association propose un programme d’accompagnement des aidants qui se déroule à leur domicile, sans qu’ils aient besoin de s’éloigner de leur proche aidé. 

Comment se déroule l’accompagnement de Passerelle Assist’Aidant ?

Lorsqu’un proche aidant exprime le besoin d’être accompagné, Passerelle Assist’Aidant organise un premier rendez-vous avec l’un des psychologues de l’association. Cette rencontre permet au thérapeute de dresser un bilan du besoin, bilan qui est ensuite utilisé pour construire le programme d’accompagnement sur mesure qui répond à tous les besoins de l’aidant. 

Le programme d’accompagnement dure un an, il est assuré par une équipe pluridisciplinaire (sophrologue, kiné, coach en nutrition, etc.) coordonnée par Passerelle Assist’Aidant. C’est le psychologue qui sert de fil rouge à au programme et veille à ce qu’il soit toujours pertinent eu égard à l’évolution de la situation de l’aidant. L’objectif est de remettre ce dernier d’aplomb en restaurant sa confiance en lui. Le programme met également l’aidant en contact avec tous les organismes de l’écosystème qui pourront lui venir en aide et prendre le relais à l’issue de l’accompagnement annuel. 

Ce dispositif est déployé à Paris et en Indre et Loire. Il est financé par des contributeurs publics et institutionnels. Le reste à charge modeste pour l’aidant s’élève à 10 euros auxquels il peut ajouter une contribution libre éligible au crédit d’impôt. 

Tributaire des financements publics, l’association accompagne chaque année une dizaine d’aidants. 

"Le baluchonnage" avec Bulle d’air

Bulle d’air est un service innovant de répit à domicile ou "relayage" créé en 2011 à l’Initiative de la Mutualité Sociale Agricole sur le territoire des Alpes du Nord (Isère, Savoie, et Haute-Savoie). Ce service s'inspire du "baluchonnage" québécois

En proposant des interventions « à la carte » au domicile des familles, Bulle d’air permet à l’aidant de prendre, en fonction de ses besoins, une après-midi, une soirée, une nuit, une journée, un week-end ou une semaine de répit de manière régulière ou ponctuelle.

Les villages de répit 

Les villages de répit sont des centres de vacances conçus pour accueillir des couples ou des familles dont l’un des membres est en situation de dépendance. Les villages de répit sont constitués d’un établissement de loisirs adossé à un Ehpad. Ils offrent une infrastructure adaptée à la prise en charge de personnes âgées dépendantes. Ces établissements doivent permettre à l’aidant de souffler et se reposer dans un environnement adapté. Des activités sont proposées pour le couple tandis que d’autres sont réservées aux aidants, pendant que les aidés sont pris en charge par l’équipe médico-sociale. 

Les villages de répit ont été instaurés par l’article 65 de la loi ASV. 

Le premier village de répit a ouvert ses portes à Fondettes (37) sous l’impulsion de l’association Vacances Répit Familles. Cet organisme à but non lucratif a été créé en janvier 2013 par plusieurs groupes de protection sociale (dont Audiens). L’association VRF veut proposer des solutions de répit plus satisfaisantes que l’offre actuelle. Ce premier village de répit et ses 26 places est une expérimentation qui va dans le sens d’une meilleure prise en considération des besoins spécifiques des proches aidants. 

Le séjour dure au minimum une semaine et coûte 1 350 € pour un couple en pension complète. 85% du coût peut être pris en charge par l’Agirc-Arrco. 

À ce jour, et malgré l’intérêt évident de la solution pour les aidants comme les aidés, Fondettes est le seul établissement qui permette d’associer l’hébergement temporaire pour senior dépendant et un séjour de vacances.

Illustration de l’article avec un film sur Fondettes réalisé par le Gie Agirc-Arrco.

Les accueils de jour

En l’absence de solution de séjour de répit, les aidants peuvent également souffler en confiant leur proche dépendant à un accueil de jour.

L’accueil de jour est un service de garde et d’animation destiné aux personnes âgées vivant à leur domicile. L’accueil de jour propose un accompagnement individualisé aux personnes accueillies et un soutien aux aidants.

Il a pour objectif de permettre aux personnes âgées en perte d’autonomie de rester le plus longtemps possible dans leur cadre de vie habituel.

Des activités variées sont mises en place pour favoriser les stimulations physiques, sensorielles et cognitives ainsi que des actions favorisant une meilleure nutrition et des actions contribuant au bien-être.

Beaucoup d’accueils de jour sont adossés à des Ehpad. Le personnel soignant, y assure l’accueil et l’animation. Ces structures peuvent accueillir des personnes âgées en perte d’autonomie, notamment celles atteinte de démences.

Certains bénéficiaires de l’accueil de jour y sont envoyés suite à une hospitalisation dans le cadre d’un programme de rééducation, d’autres y sont placés par leur proche aidant dans le cadre du droit au répit instauré par la loi ASV.

Il existe deux formes d’accueil de jour :

  1. L’accueil médicalisé pour les personnes atteintes de pathologies nécessitant un suivi médical constant. En accueil médicalisé, l’encadrement est effectué par du personnel médical.
  2. L’accueil non médicalisé s’adresse aux personnes qui n’ont pas besoin d’une assistance médicale constante.

Qu’ils soient médicalisés ou non, les accueils de jour ont parfois du mal à faire oublier leur parenté avec les autres établissements médico-sociaux. 
De rares structures privées se développent justement dans le but de proposer une autre expérience aux aidés. C’est notamment le cas de La Maison Felippa, un accueil de jour non médicalisé qui a ouvert ses portes dans le 16ème arrondissement de Paris en 2018. 

Je vous propose de découvrir la maison Felippa dans ce reportage en immersion réalisé pour Sweet Home.

Conclusion

Malgré un panel de solutions élargi par la loi ASV, sur le terrain, l’offre de répit pour les aidants reste maigre. Que manque-t-il aux investisseurs et entrepreneurs pour créer d’autres villages de répit, des accueils de jour plus séduisants, un système de relayage à la portée financière du plus grand nombre et des solutions d’accompagnement à domicile généralisées ? 
 

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