Résoudre les défis de fonctionnement d’un quotidien en contexte de crise sanitaire

Ajouté le 05 mai 2020, par Caroline Chaumet
Résoudre les défis de fonctionnement d’un quotidien en contexte de crise sanitaire

France Lebreton, journaliste à La Croix.
France Lebreton, journaliste à La Croix.
France Lebreton, journaliste à La Croix. ©Maxime Matthys

France Lebreton, journaliste « parents-enfants » à La Croix (Bayard Presse) expose pour Audiens Le Média l’organisation de sa rédaction pendant la crise sanitaire et ses attentes de sortie de crise.

Comment s’organise votre rédaction pendant la crise sanitaire du COVID-19 ? 

Nous sommes en télétravail pour la majorité d’entre nous. Les chefs de service étaient présents physiquement à la rédaction au début, aujourd’hui seules quelques personnes sont encore sur place. Nous organisons nos conférences de rédaction deux fois par jour sur des groupes via Teams. Nous déterminons ainsi notre feuille de route quotidienne pour les éditions, presse et web.

Quel est l’impact de la fermeture des points de vente sur votre journal et la fréquentation du site internet ?

La fermeture des kiosques n’a pas trop impacté notre journal car nous avons une forte proportion d’abonnés. Au début de la crise, la distribution du courrier a été irrégulière ; nos lecteurs pouvaient recevoir deux ou trois éditions le même jour. 
Par ailleurs, nous avons constaté un accroissement des abonnements web et beaucoup de visites sur le site. 
Cette situation générale est peu attractive pour les annonceurs publicitaires qui se tournent vers d’autre supports que la presse, ce qui va sans doute peser sur le groupe.

Comment avez-vous réorganisé votre travail ?

Habituellement, je travaille beaucoup par téléphone. Les déplacements sont limités pour des questions de temps. La grande différence actuellement, c’est la disponibilité de mes interlocuteurs. C’est agréable de pouvoir les joindre facilement et de bénéficier d’une plus longue disponibilité. Parfois, le téléphone permet d’aller plus loin dans la confidence.
C’est plus difficile pour mes confrères qui partent en reportage sur le terrain, il y en a peu et c’est compliqué à organiser. Nous avons aussi beaucoup de correspondants en régions qui sont très sollicités, car ils ont l’information « sur place ».

Avez-vous le sentiment que vos témoins ont davantage besoin de s’exprimer en cette période ? 

Oui c’est très clair. Au début il y avait beaucoup de messages à faire passer sur la famille, les relations, le vivre-ensemble ou comment expliquer cette situation inédite aux enfants. Les familles étaient en demande d’expliquer ce qui se passait pour elles et avaient besoin d’être écoutées. Nous avons aussi été un relais important pour parler du deuil, de l’impossibilité d’accompagner les défunts, et des cérémonies religieuses qui ne pouvaient avoir lieu.
On parle beaucoup de la « fin de la presse écrite » mais le rôle que nous tenons est important pour le public. Je pense à certaines personnes très isolées dont le journal est la seule ouverture sur le monde.

Comment déterminez-vous vos choix de sujets en cette période où le coronavirus prend toute la place ?

Au commencement, quasiment toutes les rubriques étaient consacrées à la crise sanitaire. Aujourd’hui, la Une (les pages une, deux et trois, ndlr) restent axées sur le coronavirus, mais nos lecteurs ont aussi besoin qu’on leur parle d’autre chose. Nous avons écrit sur des sujets plus larges et repris d’autres qui avaient été interrompus au début de la crise.
Les pages culturelles apportent une respiration avec le traitement de sujets à partir des offres proposées par les radios, les chaines de télévision, les sites internet. On cherche un équilibre entre les sujets.

Comment communiquez-vous actuellement avec la direction du journal ?

Nous avons la chance d’avoir une direction humaine et respectueuse, très rassurante en cette période, encourageante et qui exprime des remerciements pour le travail accompli. C’est très important pour nous tous et particulièrement pour les responsables de certaines rubriques qui sont moins sollicités et peuvent craindre le chômage partiel. La direction a déjà assuré que, quelles que soient les situations, le journal comblerait le manque à gagner. Nous travaillons pour un groupe indépendant qui est transparent avec ses salariés. Il y a une vraie cohérence entre le discours et les actes, cela rejaillit sur chacun de façon positive. 

Comment envisagez-vous la reprise à partir du 11 mai ?

Il y aura une alternance à la rédaction avec une prédominance du télétravail. D’un point de vue professionnel, cette crise a ouvert la possibilité d’autres pratiques. Comme celle de combiner travail à distance et présence à la rédaction un ou deux jours par semaine. C’est une nouvelle dynamique qui s’installe et cela va faire avancer la réflexion sur de nouvelles façons de travailler.

Quels sont les sujets sur lesquels vous travaillez en ce moment ? 

Pendant toute cette période, j’ai écrit une chronique « Fenêtre sur cour », un récit du vécu des habitants de la cour de mon immeuble. 
Pour l’édition du 11 mai, nous préparons le numéro du déconfinement, avec les interviews d’une cinquantaine de personnalités sur différents sujets, et sur leur état d’esprit à l’issue de cette longue et étrange période. 

À titre plus personnel, qu’attendez-vous de cette reprise ?

On peut souhaiter que l’après COVID soit la prise en compte d’une société plus humaine dans laquelle chacun puisse réintégrer la notion de limite, y compris dans les entreprises. Certaines d’entre elles seront obligées de se remettre en question. Il y a sans doute quelque chose de positif à espérer de cette crise.

 

En savoir plus

Le journal La Croix fait partie du groupe indépendant Bayard.
Bayard, entreprise de presse française a été créée en 1873 par la congrégation religieuse catholique Les Augustins de l'Assomption toujours propriétaire exclusive du groupe.
Bayard Presse est au 5e rang des groupes de presse français par la diffusion de La Croix, Le Pèlerin, Notre Temps, Pomme d'Api, etc. Il est aussi le 4e éditeur d'hebdomadaires, de revues ou de livres pour la jeunesse.

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