Violences sexistes et sexuelles, quand la culture se mobilise

Ajouté le 24 nov. 2020, par Audiens Le Média

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Cellule d’écoute psychologique et juridique : 01 87 20 30 90.

Alors que s’ouvre une semaine consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes, Caroline Rogard, directrice du marketing et de la communication stratégiques d’Audiens, évoque pour Audiens Le Média la cellule d’écoute contre les violences sexistes et sexuelles mise en place à l’initiative de tout le secteur culturel.

Cette cellule d’écoute a été lancée en juin dernier, de quoi s’agit-il ?

La cellule d’écoute psychologique et juridique pour les victimes de violences sexistes et sexuelles est destinée aux professionnel.le.s du spectacle. Elle a été mise en place avec le ministère de la Culture, la FESAC (Fédération des Employeurs du Spectacle vivant, de la Musique, de l'Audiovisuel et du Cinéma), cinq organisations de salariés* et Audiens, le groupe de protection sociale de la culture et des médias, qui en est l’opérateur. Un seul numéro pour la contacter, le 01 87 20 30 90.

Au bout du fil, des psychologiques-cliniciens expérimentés concernant les problématiques de harcèlement, d’emprise, de violences sexistes ou sexuelles et de viol répondent aux personnes appelantes. Ils peuvent également les orienter si besoin vers une consultation juridique.
Le dispositif est complété par une consultation médicale dédiée avec un psychiatre au sein du Pôle santé Bergère, à Paris (9e).

Le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) et le CNM (Centre national de la musique), très impliqués également sur ces questions et avec lesquels Audiens travaille activement, ont depuis rejoint la cellule. Le CNC organise en effet des sessions hebdomadaires de formations de référents harcèlement sur les tournages qui conditionnent désormais ses aides et le CNM, nouvellement créé, met en place des actions de prévention dans le secteur de la musique et commence à réfléchir à des actions similaires à celles du CNC.

*CGT Spectacle, CFE-CGC, CFTC, FASAP FO, CFDT Communication Conseil, Culture.

Pourquoi avoir créé cette cellule spécifique au secteur culturel ?

L’affaire Weinstein et le phénomène « me too » ont braqué les projecteurs sur le monde de la culture en dénonçant des situations d’emprise et de harcèlement dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel. Alors que la parole continue de se libérer sur les réseaux sociaux, on a pu se rendre compte que tous les secteurs culturels sont concernés du jeu vidéo au secteur de la communication en passant par le journalisme, la musique, le monde de l’édition, et au-delà, le sport par exemple. Il y a eu une véritable prise de conscience de la profession qui a entraîné cette mobilisation générale.

On s’est également aperçu, que le secteur culturel tout comme le sport et la politique avait une spécificité propre. En effet, certains métiers dits « paillettes » impliquent un seuil de tolérance élevé à des conduites inacceptables car ils sont très enviés. S’en suit un phénomène de culpabilité qui a été très bien exprimé par certaines victimes. Il faut libérer la parole et prendre en charge de manière spécifique les professionnel-e-s de ces secteurs. Audiens a déjà l’expérience d’une cellule psychologique depuis plusieurs années, mise à disposition des entreprises pour gérer toutes sortes de situations de crises avec leurs salariés. Nous l’avions notamment mise en œuvre à l’occasion des terribles attentats de janvier et novembre 2015. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé ce principe d’une cellule d’écoute dédiée à l’accompagnement des victimes de harcèlement dans le cadre de la pratique de leur métier dans la culture.

Quant à la consultation dédiée au Pôle santé Bergère, elle s’est organisée naturellement, ce centre médical que nous avons ouvert il y tout juste un an étant dédié aux professionnels de la culture, tout en étant bien sûr accessible à tous.

La cellule d’écoute est-elle ouverte pendant le confinement ?

Oui absolument. Avec la crise sanitaire et des professionnels qui travaillent beaucoup moins, les risques de harcèlement en milieu professionnel sont bien sûr réduits mais on sait en revanche que le confinement accentue les situations de violences domestiques. La cellule est également là pour recueillir les témoignages de personnes qui en seraient victimes ou témoins.

Quels messages souhaitez-vous faire passer à la profession ?

L’actualité récente nous le démontre tous les jours, les violences sexistes et sexuelles sont partout dans tous les milieux professionnels. Le secteur culturel doit être exemplaire et montrer la voie. Concernant les entreprises du secteur, nous les appelons aussi à se mobiliser pour mettre en place des dispositifs de prévention de ces violences sexistes ou sexuelles : nomination de référents, organisation de formations destinées à lutter contre la discrimination et le harcèlement… Cela peut prendre plusieurs formes et nous serons à leurs côtés pour les accompagner.